Quand la VR réveille notre conscience écologique
Un pangolin en réalité virtuelle peut-il bouleverser et faire réfléchir à la planète ? La véritable puissance des casques VR ?
Face aux catastrophes climatiques et aux mauvaises nouvelles constantes, la sensibilité du public tend à s’émousser. Pourtant, des recherches suggèrent que la réalité virtuelle (VR) peut jouer un rôle essentiel dans la sensibilisation à l’environnement, en suscitant de l’empathie et en incitant à l’action.
Une expérience VR particulièrement marquante illustre bien cet impact. Elle suit l’histoire de Chestnut, une jeune pangoline luttant pour survivre dans le désert du Kalahari. Autour d’elle, un paysage aride s’étend à perte de vue, et son petit corps recouvert d’écailles semble bien fragile lorsqu’elle se recroqueville seule pour dormir. Son histoire s’inspire de la vie d’un vrai pangolin étudié par des scientifiques.
Chestnut peine à trouver des fourmis à manger, car les insectes se raréfient avec le changement climatique. Malgré cela, sa voix reste enjouée, jusqu’à ce que l’épuisement prenne le dessus. Dans les dernières scènes, elle s’éteint. Cette immersion en VR génère une émotion si intense que de nombreux utilisateurs retirent leur casque les larmes aux yeux, prenant conscience de l’impact émotionnel de cette technologie.
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Quand la VR transforme notre rapport à la nature
Les expériences en réalité virtuelle ne sont pas qu’un simple divertissement. Des études montrent qu’elles peuvent influencer les attitudes et comportements face à l’environnement. La société HabitatXR, basée à Johannesburg, en est un bon exemple. Son fondateur, Ulrico Grech-Cumbo, passionné par la faune africaine, a compris que la VR pouvait transformer la manière dont la nature est perçue.
« Je me suis dit que ce serait incroyable d’être plongé dans un documentaire animalier », explique-t-il. Et les résultats sont frappants : lorsqu’une ONG a utilisé l’une de leurs expériences VR lors d’un gala de collecte de fonds, des invités, pourtant habitués au luxe, ont été émus aux larmes après seulement quelques minutes d’immersion.
D’autres entreprises explorent aussi ce potentiel, comme Wild Immersion, qui diffuse ses films immersifs dans des aquariums et des centres scientifiques, ou Marshmallow Laser Feast, qui propose de voir la forêt à travers les yeux d’une libellule.
L’impact émotionnel et psychologique de la VR
Ce qui rend ces expériences si puissantes, c’est leur capacité à générer des émotions intenses. Une étude a montré que vivre une histoire en VR, comme celle d’un réfugié syrien, suscite plus d’empathie que lire un article sur le même sujet. Lorsqu’il s’agit de nature, l’effet est encore plus marqué.
Des expériences immersives en forêt ont par exemple incité les participants à signer des pétitions environnementales ou à s’engager pour la préservation de l’Amazonie. La VR a la particularité de provoquer un sentiment d’« émerveillement » face à l’immensité de la nature, une émotion qui pousse souvent à adopter des comportements plus respectueux de l’environnement.
La psychologue Alice Chirico, de l’Université catholique du Sacré-Cœur en Italie, a étudié cet effet et confirmé que la VR permet de créer une connexion profonde avec la nature en générant un sentiment d’appartenance à un tout plus vaste. Grâce à l’illusion de présence, elle donne l’impression d’être réellement dans l’environnement représenté.
Un avenir prometteur, mais encore limité
Si la VR semble être un outil puissant pour sensibiliser à l’environnement, elle reste peu accessible. Les casques sont encore coûteux, et leur adoption reste limitée. De plus, une question se pose : ces expériences virtuelles risquent-elles d’éloigner de la nature réelle au lieu de reconnecter avec elle ?
Conscient de cette problématique, HabitatXR développe un projet visant à intégrer la nature virtuelle dans les villes. Leur « zoo du futur » permettra d’explorer un écosystème en réalité virtuelle et de découvrir les interactions entre les espèces.
Loin de vouloir remplacer la nature, la VR pourrait au contraire en faciliter l’accès à ceux qui en sont éloignés. Dans certaines régions, notamment aux États-Unis, des millions de personnes n’ont pas de parcs ou d’espaces verts à proximité. La VR pourrait alors être une porte d’entrée vers une prise de conscience et un engagement en faveur de la planète.
Source : www.bbc.com
Traduction en français : INO-VR